Mon Histoire

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Comme je l’ai très brièvement évoqué dans le TAG Ce qui me rend heureuse, malgré mes 24 ans, j’ai vécu une longue période difficile. Je voulais partager ça avec vous car depuis un an, mon blog m’a permis de m’ouvrir au monde qui m’entoure et je pense que publier cet article me permettra de tourner définitivement cette page noire de ma vie.

Tout commence au début du mois de mars 2012, j’allais sur mes 21 ans. Je venais de perdre mon travail, l’état de santé de mon grand père empirait. Autant dire que j’étais pas au top. Et c’est pile à ce moment que mon copain de l’époque a décidé de me quitter. C’était la goutte d’eau.. J’étais incapable de sortir de chez moi, ni même de quitter mon lit, je ne mangeais plus rien, etc etc. J’avais cette douleur invisible qui me martelait la tête, qui m’écartelait le cœur. Ça peut paraître hyper cliché mais je n’arrivais pas à me remettre de cette succession d’événements. Je me sentais transparente, inutile et chaque jour était devenu une torture. J’avais l’impression que ma vie n’était que souffrance.

Le jeudi 8 mars 2012, la douleur était trop forte, alors j’ai avalé une quantité énorme de médicaments. Je garde peu de souvenirs de cette journée. J’ai quelques flashs de ma maman paniquée et en pleurs appelant les pompiers, de l’ambulancier qui essayait de me garder réveillée, et du psychiatre urgentiste qui me disait qu’il avait peur que je me refasse du mal si je rentrais chez moi.

Cette tentative de suicide n’était PAS un appel au secours, j’avais vraiment cette volonté très forte de mettre fin à mes jours.

Le psychiatre urgentiste l’avait bien compris, et il a donc décidé de me transférer en plein milieu de la nuit dans le service des Urgences Psychiatriques d’un autre hôpital. C’était un service de transition en attendant qu’on me transfère dans une clinique psychiatrique. Je ne comprenais pas ce que je faisais là. Moi qui voulait juste que ma vie s’arrête, je me retrouve dans un hôpital où on me juge, où on me reproche d’avoir voulu me supprimer. Je ne suis pas sûre que ce soit la meilleure méthode pour aider les gens à retrouver goût à la vie… J’étais censée rester 3 jours dans ce service, mais ils m’ont gardé 6 jours, car ils savaient dans quel enfer ils me transféraient et voulaient retarder au maximum ce transfert.

Le jeudi 15 mars, je suis donc arrivée dans une clinique psychiatrique proche de chez moi. Mais j’appellerais plutôt ça une prison vétuste. Ma chambre ressemblait à une cellule, avec une table, un lit et une salle de bain sans porte avec un vieux lavabo et un simple pommeau de douche rouillé fixé au mur couvert de moisissures. Les toilettes étaient dans le couloir, mais sur les 6 WC, 5 étaient condamnés ou hors service.

A ce moment là, je préférais mourir que rester un jour de plus dans cette enfer. De plus, ma psychiatre « commise d’office » voulait m’inscrire sur le registre des travailleurs handicapés car elle était convaincue que j’étais déficiente mentale, alors que j’étais juste en dépression. Elle me donnait un traitement qui me faisait être un zombie, je prenais 6 cachets 3 fois par jour. Au moins, je n’avais pu envie de me faire du mal vu que mon cerveau était de la compote. Et quand je reprenais mes esprits, je n’avais qu’une envie : SORTIR DE CET ENDROIT!!!

On trouve de tout dans ces cliniques, on est tous mélangés. Il y a des personnes suicidaires, des personnes avec une addiction (drogue, alcool, jeux), des schizophrènes, des personnes séniles, etc etc..

Malgré tout, j’y ai rencontré des personnes formidables parmi les patients internés, avec qui j’ai eu des discussions qui m’ont aidé à prendre conscience que ma vie n’était pas si moche et qu’elle ne pouvait que s’embellir.  Je crois que ce sont ces personnes qui m’ont vraiment aidé et qui m’ont donné envie de me battre, et certainement pas le personnel médical. Si je n’avais pas fait leur connaissance et passé du temps avec ces 2 hommes, je ne sais pas si je m’en serai sortie. Et je leur suis éternellement reconnaissante.

Je suis sortie de cet enfer fin avril, après presque 6 semaines horribles.

Je me suis fait la promesse de ne plus jamais revivre ça, et depuis j’essaye de me contenter des petits bonheurs et plaisirs que la vie peut offrir.

Le souci, c’est qu’une des conditions de ma sortie était que je devais toujours être suivie par la même psychiatre. J’ai du continuer son traitement assommant, qui m’a fait prendre 30 kg en moins d’un an et qui a complètement détraqué ma thyroïde.

Au bout d’un an et demi de séances forcées où j’allais à reculons et qui me détruisaient plus qu’autre chose, j’ai décidé de tout arrêter. Je n’allais pu aux consultations et j’ai arrêté le traitement sans sevrage. J’étais alors suivie uniquement par mon médecin traitant qui m’a juste donné un traitement à vie pour mon hypothyroïdie et quelques anxiolytiques et somnifères quand elle sentait que j’en avais besoin.

Le problème quand on a  6 cachets 3 fois par jour et qu’on nous répète pendant des mois qu’on a besoin de médicaments pour avoir une vie normale, c’est qu’on finit par le croire. Et les quelques cachets que me donnaient mon médecin traitant me semblaient insuffisants. J’allais beaucoup mieux mais j’étais convaincue que j’avais vraiment besoin de plus de cachets. Au lieu de prendre 1 voire 2 anxiolytiques par jour en cas de baisse de moral, j’en prenais systématiquement le triple. La plaquette se finissait alors très vite, et je retournais souvent chez mon médecin pour en avoir de nouveau.

Quand elle s’est aperçue de ma consommation excessive, on a essayé de trouver une solution. Et en accord avec mon pharmacien, il était convenu que celui ci ne me donnerait que le strict minimum pour la semaine et que je devais revenir chaque vendredi chercher mes médicaments. Au début ça marchait, mais très vite je faisais inconsciemment des réserves.

Au fil des mois, cette solution commençait à me taper sur le système. Je me sentais surveillée comme une droguée, et je ressentais toujours que j’avais besoin de médicaments pour être normale. J’étais entrée dans un cercle vicieux où il me fallait encore plus de cachets pour me sentir bien. Et quand je prenais juste la dose prescrite, j’étais agressive, changeante, j’étais un poison pour ma famille et mes proches.

Un jour, en décembre 2014 (soit presque 2 ans et demi après ma tentative de suicide) un événement m’a fait prendre conscience que j’étais vraiment trop dépendante à ces cachets. Et j’ai pris la décision toute seule de me faire de nouveau interner en clinique psychiatrique pour me sevrer de ces merdes chimiques. Mais là, c’est moi qui ai choisi la clinique. Je suis allée dans un bel établissement qui ressemblait plus à une maison de repos qu’à un hôpital psychiatrique. Là encore j’y ai fait des belles rencontres. Chaque discussion avec mes « colocataires de galère » me faisait un bien fou et m’aidait à grandir. Je suis restée presque un mois, je suis partie contre l’avis de mon nouveau psychiatre mais je suis sortie plus forte.

Actuellement je suis totalement clean. Le seul cachet que je prends est mon traitement pour ma thyroïde déglinguée, que je dois prendre à vie et pour lequel je dois faire régulièrement des prises de sang (beurk les piqûres)

J’ai longtemps regretté d’avoir raté ma tentative de suicide, puis j’ai regretté de l’avoir faite. Aujourd’hui je me dis que c’est juste un épisode de ma vie, qui m’a apporté autant de positif que de négatif.

Malgré tout, cette épreuve m’a laissé des cicatrices. Je me suis renfermée sur moi-même, j’ai perdu beaucoup d’amis qui pensaient que j’étais folle sous prétexte que je m’étais fait internée en hôpital psychiatrique. Et niveau sentimental, je préfère rester seule par précaution. J’ai pris conscience que j’étais encore émotionnellement fragile et que le couple était pas forcément bon pour moi pour le moment.

Et comme je l’ai dit plus haut, ce blog est une béquille qui m’a permis de m’ouvrir et de tisser des liens avec des gens adorables. J’ai peu d’amis mais ces discussions virtuelles (qui, je l’espère, deviendront réelles) font vraiment du bien 😀

Bisous 

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21 réflexions sur “Mon Histoire

  1. Quel beau témoignage on ne peut qu’être touchée après sa lecture !
    On ne se connait pas mais les émotions sont là !
    Tout ce que je peux me permettre d’écrire
    c’est qu’en ayant vécue le pire, tu ne peux que vivre le meilleur maintenant
    Et surtout ouvre les yeux sur tout les petits bonheurs qui passent chaque jour !
    ( Je m’efforce de l’appliquer tous les jours c’est un mode de vie chez moi )
    Et peut être sans doute même qu’il y aura un jour des grands bonheurs qui taperont à ta porte !
    Bises !

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  2. Coucou ! Ton article me touche beaucoup, et j’admire ton courage et où tu en es aujourd’hui après avoir passé toutes ces épreuves ! Je ne peux que te conseiller de vivre ta vie pleinement, car on en a qu’une et on ne sait jamais ce que la vie nous réserve de beau 🙂 Je ne suis jamais douée pour dire des mots justes au bon moment… mais sache que si tu as besoin de parler je suis là pour toi 🙂 et je suis contente de t’avoir connue grâce à ce petit swap 🙂 je te souhaite le meilleur pour la suite ! gros bisous ♥

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  3. « J’ai longtemps regretté d’avoir raté ma tentative de suicide, puis j’ai regretté de l’avoir faite.  »
    Voilà la seule chose que je retiendrai !
    Maintenant tout est question de perception : le verre à moitié vide ou plein.
    Tu as vu la vie d’un mauvais côté et maintenant tu vas apprendre à la voir du bon.
    Moi j’ai confiance en ta vie future !

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  5. Très, très touchée par ton article. Ne regrette pas tes cicatrices, elles sont belles, elles font partie de toi, et ce sont elles qui te rendent fortes et rendront de plus en plus forte. Il m’a fallu plus de trente ans pour apprendre à aimer les miennes, alors tu vois, y a de l’espoir 🙂
    C’était en tous cas courageux de raconter ton histoire, et un pas de plus vers l’avant. Fais-toi confiance, on est souvent bien plus que ce qu’on essaye de se faire croire. Tu t’ouvriras quand tu seras prête, et ce sera d’autant plus beau. ceux qui ne le comprennent pas ne te méritent pas, un point c’est tout.

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  8. Le commentaire que tu m’as laissé vaut tout aussi bien pour toi, tu t’es sortie d’une galère beaucoup plus forte que la mienne. L’exemple vivant qu’on peut aussi s’en sortir en ayant vécu quelque chose comme ça c’est bien toi. Tu as une force incroyable d’avoir fait tout ce que tu as accompli et d’avoir pris certaines décisions au bon moment (te sevrer, TE choisir la clinique adaptée).
    De le raconter tu sais ce que tu as vécu, tu en as conscience et le voit autrement aujourd’hui certainement (j’imagine mais je ne dis ça sans aucune prétention), et puis les huîtres quand elles s’ouvrent font voir des perles parfois, tu seras sûrement cette perle là quand tu seras prête à t’ouvrir.

    Gros bisous à toi !

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  13. Ecrire cet article est déjà à mon humble avis la preuve que tu remontes bel et bien la pente. J’ai vécu un peu la même chose (mais il s’agissait pour ma part plus d’un appel à l’aide dû à une impossibilité de communiquer avec mes proches, bref) sauf que j’ai choisi de rentrer chez moi après ma sortie d’hôpital et j’ai décidé que la vie continuerai coûte que coûte. Et si cela peut te rassurer, aujourd’hui (soit quatre ans après), je pense être presque totalement guérie et avoir scellé cette période de ma vie pour de bon et je pense pouvoir affirmer que je suis globalement heureuse même si bien sûr il y a des hauts et des bas mais ça c’est le jeu de la vie. Ça t’arrivera à toi aussi j’en suis sûre il faut se concentrer sur ce qui nous fait du bien et laisser tout le néfaste derrière soit et tant pis si on doit abandonner certaines personnes en cours de route qui nous tirent vers le bas. Je ne sait plus qui m’a dit un jour que si je voulais cesser de douter et me sentir mal alors il fallait que j’agisse toujours de sorte à pouvoir être fière de moi et de chaque acte que j’accomplis. Et c’est devenu une règle de vie 🙂

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    • Je suis impressionnée par autant de positivité. Tu as l’air à la fois pétillante et calme.
      On a tous nos vécus et on fait tout pour justement le laisser derrière pour avancer sans qu’il interfère trop.

      En tout cas, je suis vraiment ravie d’avoir fait ta connaissance. J’ai déjà hâte de te revoir 🙂

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